La nouvelle communauté religieuse carmélite prend possession des lieux encore en travaux, le 2 juillet 1625, jour de la fête de la Visitation, au cours d’une procession mémorable où toute la ville se presse.

Cette première communauté est composée d’une prieure (Mère Élisabeth) et d’une sous-prieure (Sœur Catherine) venues de Paris, de 5 sœurs professes venues du Carmel de Rouen, d’une sœur converse venue de Paris (Jeanne de saint-Denis, première religieuse à mourir au carmel, enterrée dans le cloître) et d’une postulante venue de normandie.

Le noviciat fonctionne dès la première année d’ouverture du monastère. La première postulante venue de Paris à prendre l’habit n’a que 16 ans. Elle fait profession en présence de Pierre de Bérulle. Deux jours après, la première sénonaise se présente. En 1632 la communauté compte déjà 18 religieuses professes, dont 10 venues du diocèse de Sens et 2 novices. En 1650 les sœurs sont 24, dont 20 sénonaises.

23 prieures vont présider à la vie de la maison jusqu’aux sombres jours de 1790.

Les humbles n’ont pas d’histoire, croit-on.

Voici pourtant celle de notre Carmel, fondé au début du XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIII et le pontificat d’Urbain VIII.

Ce fut la volonté d’un archevêque promu à Sens en novembre 1621 - Octave de Saint-Lary de Bellegarde - avec le soutien de deux proches : le cardinal Pierre de Bérulle, fondateur des Oratoriens et promoteur de la Réforme carmélitaine en France, et Mère Madeleine de Saint-Joseph, prieure du Carmel parisien de l’Incarnation (rue du Faubourg Saint-Jacques), grand pilier de l’ordre réformé.

Lorsqu’il arrive en charge à Sens en août 1624, après un an de noviciat dans l’abbaye bénédictine Saint-Germain d’Auxerre dont il détenait la charge, le nouvel archevêque engage tambour battant une réforme en profondeur des paroisses et des institutions religieuses sénonaises.

La fondation du Carmel de la Visitation fait partie de ses priorités : elle est officiellement actée le 8 septembre 1624. Avant même d’aviser son clergé, magistrats et fidèles, l’archevêque fait acheter une petite maison et son terrain environnant, tout près de la Cathédrale, dans le quartier tranquille de la paroisse Saint-Pierre-le-Donjon (le site actuel) et débute les travaux.

La construction du monastère, 35ème maison française, sera strictement conforme aux coutumes de l’ordre, à l’image des carmels espagnols. Les fondatrices, fidèles à la pauvreté thérésienne, demanderont à l’archevêque de modifier la découpe du cloître qu’il avait entrepris en voûte, pour revenir aux solives et plafonds de bois dans les côtés sud et est.

Pendant la tourmente révolutionnaire, les soeurs sont expulsées et doivent se cacher chez les habitants. Pour survivre, elles font des travaux de couture jour et nuit. Puis elles ouvrent une école leur permettant de vivre dans un semblant de vie communautaire, devant être hébergées en plusieurs lieux. Pendant ce temps, le monastère devient une manufacture de coton.

La communauté regagne le Carmel en 1823 après l’avoir racheté grâce au don d’un bienfaiteur. Ce retour se fait en procession le 29 septembre, avec deux soeurs survivantes de la Révolution. Le lendemain 30 septembre, l’unique rescapée des bienheureuses carmélites martyres de Compiègne - soeur Marie de l’Incarnation - vient les rejoindre. Elle finit ses jours dans notre Carmel de la Visitation où elle écrit le récit du martyre de ses soeurs, document qui sera à l’origine du « Dialogue des carmélites » de Georges Bernanos. Elle meurt en 1836, à l’âge de 74 ans et est enterrée avec nos soeurs au cimetière de la ville.

Ces années noires passées, la vie reprend son cours fervent et la communauté accueille régulièrement de nouvelles vocations. Toutefois des travaux de restauration s’avèrent nécessaires quand déjà pointent les premiers soubressauts de la guerre de 1870, la loi de 1880 contre les congrégations religieuses et celle de séparation de l’Église et de l’État de 1905...

Un climat d’anticléricalisme et de persécutions religieuses s’installe en France. De nombreuses communautés religieuses sont expulsées de leurs abbayes ou de leurs monastères et doivent quitter la France pour se réfugier à l’étranger. Cependant les sœurs du Carmel de Sens ne sont pas inquiétées car le monastère possède déjà, grâce au roi Charles X, une reconnaissance légale sur le sol français. La communauté reste donc sur place, vivant calmement ces temps difficiles, mais redoublant de prière pour soutenir l’Église et ce monde qui s’embrase.

Si la Grande guerre n’affecte pas directement la vie de la communauté, les sœurs s’associent dans la mesure de leurs faibles moyens au soutien matériel des populations mobilisées. En revanche, le mouvement de panique et d’exode qui suit la débacle de 1940 pousse hors des murs une grande partie de la communauté. Seules trois sœurs germanophiles demeurent pour garder le monastère.

Passent les révolutions, les guerres, les réformes conciliaires, changent les lois et les mœurs, notre Carmel de la Visitation poursuit sa mission : rechercher le visage du Christ dans la grâce d’une vie fraternelle unie. Certes aujourd’hui les vocations sont moins nombreuses, mais l’Esprit-Saint suscite toujours le vrai désir d’une vie totalement tournée vers Dieu dans le silence et la joie de l’Évangile.

Une jeune novice vient d’ailleurs de prendre l’habit de carmélite dans notre noviciat flambant neuf où toutes les âmes sincèrement éprises de Dieu seront joyeusement accueillies.

« Venez et voyez » dit l’évangéliste saint-Jean...

Mise au tombeau

de la Chapelle

Stèle du XVIIIe

d’une prieure

au Cloître

Manuscrit autographe

de Sœur Marie de l’Incarnation

Bréviaire

de Sœur Marie de l’Incarnation

Noviciat

CARMEL de la VISITATION


• 03 86 65 17 75 •

149, rue des Déportés de la Résistance


• 89100 SENS •

• Petite histoire du Carmel de Sens •

            CARMEL de la               VISITATION