Homélie 13° dim. TO : prendre la route

donnée au couvent de Paris

Textes liturgiques (année C) : 1R 19,19-21 ; Ps 15 ; Ga 5, 13-18 ; Lc 9, 51-62

"Comme le temps était venu, Jésus prit la route de Jérusalem et envoya des disciples en avant de lui." Tout le monde prit la route. La période d’été qui vient de s’ouvrir est pour beaucoup d’entre nous une période où l’on prend la route, route des voitures avec les bouchons, route aérienne ou chemin de fer avec les possibilités de grève ; une mise en route s’inaugure avec les déplacements, les pertes de repère, l’ouverture aux rencontres nouvelles, sympathiques mais parfois hostiles. Pour les mamans, la période des vacances est souvent fatigante : perdue la sécurité des horaires de l’école où les enfants ne sont pas à la maison, où les repas sont à des heures irrégulières, c’est maintenant la rencontre de l’imprévu souriant ou désagréable. A nous chrétiens, disciples de Jésus, l’évangile de ce jour peut-il offrir quelque lumière sur ces situations nouvelles et variées ? Car il y a aussi des personnes qui ne partent pas en déplacement et voient leur situation de modifier : leur entourage habituel s’effiloche… A chacun de nous de savoir laisser résonner l’évangile en son cœur en faisant preuve d’un peu d’imagination.

Avant tout, pour les disciples de Jésus que nous sommes, notre itinéraire est placé sous le signe vivant de la suite du Christ. Quel que soit notre parcours géographique, les lieux où nous nous trouverons, les aventures de nos déplacements, nous sommes appelés à regarder Jésus, l’écouter, lui obéir. Concrètement, cela demande de poser des choix pour prendre le temps personnellement, ou avec d’autres, de prier, de prendre l’Évangile où Jésus se donne à nous accompagner. En marche, notre boussole donne une direction fondamentale, Quelqu’un : Jésus.

"Les renards ont des terriers … le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête." Si notre aventure nous conduit dans des régions ou des pays, où nous fréquenterons des personnes qui vivent dans la grande pauvreté, voire la misère, où nous serons privés de nos commodités habituelles, l’occasion est belle pour regarder Jésus durant ses années de ministère en Galilée : Il était un itinérant qui n’avait pas d’autre sécurité que la relation avec son Père. Pour nous ce sera peut-être l’heureuse occasion, au contact de gens profondément pauvres et joyeux, de constater que nos habitudes de vie occidentale nous appesantissent et ne nous ouvrent pas la simple joie de relations fraternelles.

« Jésus dit à un homme : Suis-moi. L’homme répondit : Seigneur permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. mais Jésus répliqua : Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi pars… » Phrase paradoxale de Jésus, mais significative : le plus important ce ne sont pas les morts mais la vie, à accueillir, à transmettre. Où que nous allions, Jésus nous demande d’annoncer le Royaume à notre manière, de témoigner de la présence de Dieu dans notre vie personnelle et souvent d’aider les autres à reconnaitre cette présence agissante dans leur propre vie. « Pars, et va annoncer le règne de Dieu ». En ce domaine il n’y a pas de vacances… si nous suivons vraiment Jésus.

Mais il y a aussi les rencontres difficiles… Jésus a envoyé devant lui des messagers… ils entrent dans un village de Samaritains…. Refus des gens du village et réaction des fils de Zébédée qui semblent se prendre pour les successeurs d’Elie. Le prophète de fait avait infligé le châtiment du feu à ses adversaires. Jésus les réprimande, sans autre commentaire et ils font route vers un autre village. Les disciples de Jésus que nous sommes peuvent rencontrer de l’hostilité en réalité de notre relation à Jésus. La tentation est grande d’entrer dans cette relation d’hostilité, en voulant avoir raison, en répondant à la violence verbale par une même violence. Jésus n’a pas fait de commentaire. On sait que les juifs évitaient les rapports avec les samaritains qu’ils méprisaient à cause de leurs origines bâtardes et de leurs divergences religieuses. Mais on ne sait pas la raison profonde de ce refus, comme nous mêmes ne savons pas le plus souvent la raison de l’hostilité que nous pouvons rencontrer en tant que chrétiens. Jésus nous invite à respecter celui qui se comporte en adversaire, sans se prononcer plus que nécessaire et à aller vers un autre village.

En pareille occurrence, il s’agit de rester libres et de ne pas se laisser enfermer dans les barrières que nous élevons entre nous. Rester libres pour aimer en toute circonstance. St Paul nous y exhorte dans la seconde lecture. « C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés… Toute la loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même… Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint. »Tout au long de nos marches en cet été, que la Parole de l’Apôtre reste présente en notre cœur pour demander à l’Esprit Saint de guider notre marche et de nous laisser conduire par Lui.

Ne nous lassons pas de demander avec confiance cette grâce pour notre joie et celle de ceux que nous rencontrerons.

fr. Dominique Sterckx, ocd (Couvent de Paris)
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