Esprit Saint

« Qui es-tu, douce lumière, qui me remplit et illumine la ténèbre de mon cœur ? Comme la main d’une mère, tu me conduis et, si tu me lâchais, je ne saurais faire un pas de plus. Tu es l’espace enveloppant mon être et l’abritant en toi. Le rejetterais-tu, il coulerait à pic dans l’abîme du néant d’où tu le tiras pour l’élever vers la lumière. Toi, qui m’es plus proche que je ne le suis moi-même, qui m’es plus intérieur que mon propre cœur, et pourtant insaisissable , inconcevable, au delà de tout nom, Saint-Esprit, éternel Amour !

N’es-tu pas la manne si douce à mon palais, qui du Cœur du Fils déborde dans le mien, nourriture des anges et des bienheureux ? Lui qui s’est levé de la mort vers la vie, il a su m’éveiller du sommeil de la mort à une vie nouvelle Vie nouvelle qu’il me donne chaque jour et dont la plénitude doit un jour m’inonder,* Vie de ta propre vie, toi-même en vérité, Saint-Esprit, vie éternelle !

Es-tu le rayon jaillissant comme l’éclair depuis le trône très haut du Juge éternel , pénétrant comme un voleur dans la nuit de l’âme qui s’ignorait elle-même ? Miséricordieux, impitoyable aussi, tu pénètres jusqu’en ses profondeurs cachées L’âme est effrayée de ce qu’elle voit d’elle-même et se garde ainsi dans une crainte sacrée devant le commencement de toute Sagesse qui vient d’en-haut et nous y ancre d’un ancrage solide , devant ton action qui nous crée à nouveau, Saint-Esprit, rayon que rien n’arrête !

Es-tu la plénitude d’Esprit et de puissance qui permet à l’Agneau de rompre les scellés du décret éternel de la divinité ? Sur ton ordre, les messagers du jugement chevauchent de par le monde entier et séparent, du tranchant de l’épée, le Royaume de lumière de celui de la nuit . Les cieux seront nouveaux et la terre nouvelle ,* et tout retrouvera alors sa juste place par ton souffle léger : Saint-Esprit, puissance victorieuse !

Es-tu le Maître d’œuvre, le bâtisseur de la cathédrale éternelle qui depuis la terre s’élève jusqu’au ciel ? Tu donnes vie à ses colonnes, qui se dressent, hautes et droites, solides et immuables. Marquées du signe de l’éternel Nom divin , elles s’élancent vers la lumière et portent le dôme qui achève et couronne la sainte cathédrale, ton œuvre qui embrasse l’univers entier : Saint-Esprit, Main de Dieu créatrice !

Es-tu Celui qui créa le miroir limpide tout proche du trône du Seigneur, le Très-Haut, semblable à une mer de cristal où se contemple la divinité en un échange d’amour ? Tu te penches sur l’œuvre la plus belle de toute ta création Et ta propre splendeur éblouissante de lumière te renvoie son reflet, qui unit la pure beauté de tous les êtres en la figure pleine de grâce de la Vierge,* ton Epouse immaculée : Saint-Esprit, Créateur de tout ce qui est !

Es-tu le doux cantique de l’amour et du respect sacré qui retentit sans fin autour du trône de la Trinité sainte , symphonie où résonne la note pure donnée par chaque créature ? Le son harmonieux, l’accord unanime des membres et de la Tête , dans laquelle chacun, au comble de la joie, découvre le sens mystérieux de son être et le laisse jaillir en cri de jubilation , rendu libre en participant à ton propre jaillissement : Saint-Esprit, jubilation éternelle ! »

in « Edith Stein, Source Cachée, Œuvres spirituelles », ’et je demeure en vous, à la suite d’une neuvaine de Pentecôte’, éditions du Cerf, 1998, pp. 338-341.

« La vie divine qui se développe dans l’âme qui aime Dieu, ne peut être rien d’autre que la Trinité de la divinité. C’est à la Trinité que l’âme se donne, elle se livre à la volonté du Père, et le Père engendre à nouveau son Fils en elle. Elle s’unit au Fils et voudrait se perdre en Lui, afin que le Père ne voit plus rien en elle, d’autre que son Fils. Et sa vie s’unit à l’Esprit- Saint qui est une effusion de l’Amour divin. Dieu se donne lui-même à l’âme en vie de grâces et de gloire, Il lui donne une vie divine et l’attire à l’intérieur de sa vie divine. Tel est le sens de tout être dont la réalité est une ascension du fini à l’éternel. »

in « Edith Stein, l’Etre Fini et l’Etre Eternel », éditions Nauwelaerts, louvain, 1972.

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